Depuis 2022, la Russie et ses partenaires ont gagné près d'un milliard de dollars en vendant des céréales volées dans les territoires occupés de l'Ukraine. Cette opération, décrite en détail par le Wall Street Journal, implique un vaste réseau de clients, dont des entreprises liées à l'invasion russe de l'Ukraine, les Gardiens de la révolution iraniens et l'homme d'affaires de Crimée Mykhailo Hanaga, qui commerce avec la Syrie, Israël et les Émirats arabes unis par l'intermédiaire de sa société Agro-Fregat LLC.

Au cours du premier semestre 2024, la Russie a expédié 15 navires transportant 81 000 tonnes de blé ukrainien volé de Mariupol à la Turquie. Si les autorités turques affirment coopérer avec Kiev pour bloquer ces expéditions illégales, l'ampleur de l'opération reste difficile à cerner. Les autorités ukrainiennes estiment que 4 millions de tonnes de céréales ont été vendues sur les marchés mondiaux depuis 2022, pour une valeur d'environ $800 millions d'euros.

Ce commerce illicite aide la Russie à compenser la pression économique exercée par les sanctions internationales, soutenant ainsi directement son effort de guerre. Les marchandises volées sont souvent transportées par de petits navires ou par voie terrestre, la valeur totale du vol de céréales pouvant atteindre $6,4 milliards d'euros.

Plusieurs entités étrangères ont été impliquées dans la facilitation du commerce illégal de céréales. En particulier, l'entreprise publique russe United Shipbuilding Corporation, qui produit des navires de guerre, a été impliquée par l'intermédiaire d'un réseau de sociétés. En outre, une société russe vendant des céréales de l'oblast de Zaporizhzhia a fait un don important de $111 000 à un bataillon russe.

Les efforts déployés pour surveiller et bloquer ces opérations se sont heurtés à des difficultés. Les autorités ukrainiennes enquêtent sur le navire turc Usko MFU, qui aurait été impliqué dans le transport de céréales volées. Ce navire a transporté 2 100 tonnes de blé et de graines de tournesol vers la Turquie en 2023, pour une valeur d'un demi-million de dollars. Les enquêteurs ont découvert que le capitaine du navire avait reçu des instructions pour dissimuler l'origine criméenne de la cargaison.

Alors que des pays comme l'Égypte, Israël et le Liban ont cessé d'acheter des céréales de Crimée, des marchés comme l'Iran et le Yémen continuent d'en acheter. Téhéran, par exemple, achète de l'orge de Crimée avec une remise de 34%.

Les attaques russes contre les infrastructures céréalières ukrainiennes se poursuivent, notamment contre les installations portuaires d'Odessa. L'Ukraine a subi de lourdes pertes, avec la destruction d'équipements et de produits agricoles d'une valeur de $500 millions d'euros. Malgré ces revers, la communauté internationale poursuit ses efforts pour réduire le commerce illégal de la Russie et atténuer son impact sur les marchés mondiaux.

Pour en savoir plus Ukrainska Pravda.